Ô temps suspends ton vol !

26 octobre 2015 1 26 /10 /octobre /2015 10:05

"Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,

Dans la nuit éternelle emportés sans retour,

Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges Jeter l'ancre un seul jour ?

Alphonse Lamartine.

Hier à Ogeu le temps s'est arrété. Oh certes pas plus de 3 heures qui ont semblé n'avoir duré que 5 minutes mais c'était toujours ça de gagné sur le sablier de la vie.

Et on n'avait qu'une chose à dire: Encore !

Ainsi pendant 3 heures un large public a déambulé dans les rues du village guidé par une conteuse toute de noir vétue pour mieux se fondre et ainsi faire parler les pierres.

Et elles en avaient des choses à dire. Des siécles d'histoire d'un petit village béarnais au pied de la montagne. Des siecles d'histoire paysanne mais pas que avec ses maisons fortifiées et ses légendes.

Il nous manquait les anciens qui sont partis au paradis des laboureurs sans que nous ayons pris soin non seulement de les écouter religieusement mais de retranscrire leurs paroles.Un grand regret.

Des vies austères qui ne savaient pas de quoi le lendemain serait fait forgeant ainsi des caractères bien trempés comme l'acier du forgeron . Mais ne croyez pas qu'ils ne prenaient pas le temps de rire. Mais d'un rire simple de blagues dignes de l'émission de télé "la caméra invisible ou cachée"

Et la caméra était vraiment invisible car seule la voie lactée éclairait les rues du village.. permettant ainsi de "bons coups tordus".

La fameuse côte de Lescarriou près du stade qui n'existait pas a été le témoin de l'une d'entre elles comme me l'avait raconté Célestin:

Ainsi 3 compères paysans par une nuit noire demandèrent au quatrieme si il était d'accord pour monter en haut de cette côte le char à boeuf détellè à l'entrée du champ et appartenant à leur voisin histoire de le faire bisquer:

Oh Diu biban ! allez pareil!!..

et voila nos 4 braves la nuit venue tirant à hue et à dia par le timon ce char en chêne avec ses grandes roues cerclées de fer ..et hin! et han! ils n'étaient pas trop de 4 vu la pente, pouffant de rire pendant l'effort.

Mais la chose fut réalisée.Le char avait été monté au Tembous et nos quatres drôles de redescendre dare dare pour rejoindre leurs couches avant que le coq et l'angélus annonce la pointe du jour.

Mais qu'elle ne fut pas la surprise du quatriéme en arrivant au champ de bon matin pour constaté qu'il avait monté la nuit son propre char.........

Et je pourrais parler aussi, toujours de nuit, du paysan mais aussi bouilleur de cru "à l'occasion selon le sens du vent" pour ne pas éveiller les soupçons des gabelous, qui venait porter religieusement à mon père une bouteille enveloppée dans du papier journal en disant l'oeil brillant et le sourire entendu que c'était de l'eau de source. Et moi tout minot de me demander pourquoi l'on prenait autant de précautions et que l'on faisait autant de cachoteries pour une bouteille d'eau d'ogeu....surtout que l'on m'empéchait d'y gouter, ce que je trouvais parfaitement injuste alors que je les voyais en boire dans de petits verres avec un claquement de la langue devant l'âtre en disant: "Per Diu ,elle est bonne!"...

Conteuse! Revenez quand vous voulez , devant un toupi de garbure bien sûr!